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Lettre ouverte à Messieurs Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko : Pour un sursaut de sagesse au service du Sénégal

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Messieurs le Président de la République et le Premier Ministre,
Je vous écris cette lettre le cœur lourd mais plein d’espérance. Lourd de constater certains signaux qui, s’ils ne sont pas corrigés, pourraient nous éloigner de l’idéal que vous incarnez pour beaucoup de Sénégalais ; mais plein d’espoir car je sais que vous avez encore le pouvoir de réorienter les choses dans la bonne direction.
Je vous écris en tant que compatriote, en tant que sociologue, mais surtout en tant que quelqu’un qui vous veut du bien, à tous les deux, et qui veut profondément le bien du Sénégal. Je fais partie de ceux qui ont cru en vous, avec lucidité et exigence.
J’ai eu la chance de rencontrer Monsieur Ousmane Sonko à deux reprises. La première fois, c’était dans le cadre de notre engagement commun pour la défense des valeurs à travers le collectif And Samm Jikko Yi, dont je suis l’un des membres fondateurs. La seconde fois, c’était lors de la dédicace de votre livre Solutions, à la Place de l’Obélisque, où j’ai été invité comme sociologue pour en faire une lecture critique. Ce jour-là, après mes remarques sans complaisance, je vous ai dit, Monsieur Sonko, que vous étiez « mon candidat pour le moment ». Non par adhésion aveugle, mais parce qu’à mes yeux, vous étiez le plus sérieux et le plus rigoureux parmi ceux qui aspiraient à diriger ce pays.
Mais j’avais ajouté une condition : que vous soyez plus réceptif à la critique, plus posé dans vos paroles, et plus tempéré dans vos actes. Car l’État n’est pas affaire de tempérament, mais de sagesse, de retenue, de capacité à incarner des vertus hautes et patientes. Ce jour-là, vous m’avez écouté avec respect et attention. Et le lendemain, dans un live, vous avez pris le soin de me féliciter publiquement. Ce geste m’a profondément marqué.
Le livre Solutions m’avait d’ailleurs été remis par l’actuel Président Bassirou Diomaye Faye, dans un geste d’ouverture, alors que je donnais un cours à des étudiants américains dans une université de la place. Ce détail, au-delà de l’anecdote, est pour moi le symbole de ce que vous étiez à ce moment-là : des hommes ouverts, à l’écoute, soucieux d’idées, de critiques constructives et d’intelligence collective.
Aujourd’hui, c’est justement cet esprit d’écoute et de dépassement que je vous invite à retrouver.
Vous incarnez un immense espoir. Mais cet espoir peut très vite se transformer en nouvelle désillusion si vous ne prenez pas la hauteur nécessaire. Vous avez été portés par une dynamique populaire exceptionnelle, née de souffrances, d’indignations, de frustrations, mais aussi d’espérance en une autre manière de gouverner. Vous n’avez pas le droit de trahir cela.
Vous ne pouvez pas faire le Sénégal sans les Sénégalais. Sans tous les Sénégalais. Gouverner, ce n’est pas perpétuer une logique de camp ou de revanche. C’est rassembler, écouter même ses opposants, travailler avec ceux qui ne partagent pas tout, mais qui aiment aussi ce pays.
Je vous invite, humblement mais fermement, à :
Oublier vos personnes et vos susceptibilités.
Être plus inclusifs dans vos discours et vos choix.
Vous détacher de la tentation partisane.
Mettre en avant la nation plutôt que les clans.
Prenez de la hauteur. Apprenez de la perte du pouvoir de vos prédécesseurs. Mais surtout, apprenez de votre propre accession au pouvoir : ce n’est pas votre seule force qui vous y a amenés. C’est la convergence de souffrances multiples, d’actes posés par des inconnus, de silences courageux, d’engagements risqués, d’attentes légitimes.
Il vous revient aujourd’hui de réussir. Non pas pour vous, mais pour l’histoire. Pour éviter que le Sénégal bascule dans une spirale de cynisme où plus personne ne croira plus jamais en rien.
Je vous adresse cette lettre sans autre ambition que celle de participer, à ma place, à la sauvegarde de notre destin commun. Car il y a des moments dans l’histoire d’un peuple où le silence devient une trahison.
Le vôtre est ce moment.
Avec considération et gravité,
Docteur Cheikh Tidiane MBAYE,
Sociologue

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